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Les Dégommeuses

Aujourd’hui en France, les femmes restent largement tenues à l’écart de certaines pratiques sportives considérées comme naturellement « masculines ». En effet, d’une part, différents clichés et fantasmes ont encore cours sur les équipes de sport collectif comme possible lieux de « conversion » à l’homosexualité féminine. D’autre part, pour promouvoir le foot féminin, les clubs et fédérations ont tendance à mettre en avant dans leur communication uniquement des sportives adoptant un look et des attitudes conformes aux normes de genre (féminines, sexy, en couple hétéro, mères de famille…) et à dévaloriser toutes les autres.

Les enjeux financiers exacerbent ces phénomènes d’invisibilisation dans le sport de haut niveau. Cependant, le monde du foot amateur, qui est moins surveillé, ne constitue pas forcément un environnement plus amical pour les personnes qui s’écartent des normes de genre : sous-entendus, blagues lourdes, vexations, insultes ou discrimination au moment des sélections ne sont pas rares. Et cela est d’autant plus problématique que ces comportements sont souvent le fait de dirigeants et d’éducateurs sportifs censés donner l’exemple aux plus jeunes.

Dans ce contexte, il est crucial de créer des espaces de pratique plus accueillants et inclusifs et de mettre en place des actions afin de faire évoluer les représentations liées à la place des femmes et des minorités sexuelles et de genre dans le milieu du football.

En 2017, les Dégommeuses ont analysé la place du foot féminin dans 10 titres de presse (3 nationaux – l’Equipe, France Football, So Foot – et 7 quotidiens régionaux – Le Parisien, Le Progrès, La Provence, Midi-Libre, Sud-Ouest, Ouest-France, La Voix du Nord), soit 188 publications sur 3 semaines. Les résultats montrent que la part occupée par le foot féminin dans les pages sport reste excessivement faible (à peine 2% de l’ensemble des pages consacrées au foot sur la période, à savoir 28 sur 1327) mais le traitement qualitatif se caractérise par son sexisme : des articles supposément consacrés au foot féminin qui nomment, citent et montrent principalement des hommes; d’autres qui se servent du foot féminin pour mieux parler du foot masculin; enfin, pour beaucoup d’entre eux une difficulté patente à évoquer les joueuses en tant que sportives (et non uniquement sous l’angle de leur féminité)