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L’édito de Grégoire Junod

Syndic de Lausanne
Président de l’Union Mondiale des Villes Olympiques

Je suis très heureux de participer à la création de ce nouveau site internet qui valorisera l’action des villes engagées à soutenir et développer une politique sportive au service des citoyens, au service du mieux vivre ensemble en harmonie, au service du sport de haut niveau. J’en suis évidemment heureux en ma qualité de Syndic de la capitale olympique, de Président de l’Union Mondiale des Villes Olympiques, mais j’en suis aussi heureux parce que le sport est relativement peu évoqué aujourd’hui dans les politiques publiques et en particulier dans les différents réseaux de villes. On parle de santé. On parle d’éducation. On parle d’urbanisme. On parle d’environnement. On parle rarement de sport comme politique d’inclusion si ce n’est lors de grands événements sportifs.

Pourtant, il y a peu de moyens d’expression, comme le sport, qui, à travers le monde, quelles que soient nos langues, quelles que soient nos cultures, quelles que soient nos origines, peuvent réunir l’ensemble de la planète, au même moment. De ce point de vue, c’est avant tout un atout considérable que d’avoir, à travers des politiques sportives, la possibilité d’utiliser un langage universel, celui du sport.

Et ce langage universel est un facteur d’émancipation individuel et collectif. 

Il est un levier de cohésion sociale, d’intégration et de réduction des inégalités. Aujourd’hui, le Comité International Olympique et son Président, Thomas BACH, mettent sur pied une Fondation mondiale qui va créer des équipements sportifs dans les camps de réfugiés afin de répondre à la demande de ces populations. On a l’habitude de répondre à l’urgence sanitaire, de répondre à l’urgence éducative, on pense moins parfois à l’importance du sport, à l’importance de la possibilité de pratiquer du sport comme élément important de cohésion sociale et de vivre ensemble.

A cet égard, l’histoire de Lausanne est intéressante et instructive sur la manière dont on peut penser aujourd’hui une politique sportive cohérente à l’échelle d’une ville. Finalement l’histoire de Lausanne et de l’olympisme, c’est d’abord un hasard. C’est l’arrivée de Pierre de COUBERTIN qui quitte Paris, vient s’installer à Lausanne en 1915 et choisit d’y installer le siège du Comité International Olympique. C’est finalement là que commence l’histoire de Lausanne. Au cours du temps, progressivement, sans d’ailleurs que ce soit le résultat et la volonté d’une politique publique, Lausanne s’enrichit de nombreuses fédérations sportives internationales qui viennent s’y installer. Soixante fédérations sportives internationales ont leur siège à Lausanne. On accueille également l’agence anti-dopage et le tribunal arbitral du sport.

Parallèlement, Lausanne devient aussi un pôle scientifique dans le domaine du sport. Nous développons, au sein de l’école polytechnique et de l’université, des facultés de formations dédiées au domaine sportif, avec un lien très fort sur les questions de santé. Partant d’une volonté plus récente, nous travaillons maintenant sur la mise en place d’incubateurs de manière à générer de l’activité économique, faire de Lausanne une petite Silicon Valley dans le domaine du sport avec, évidemment, comme atout, un véritable biotope dans le domaine sportif, avec à la fois le CIO, les Fédérations internationales, la place scientifique et sanitaire, l’hôpital et un environnement juridique intéressant pour les sociétés.

Lausanne, au cours de ces dernières années, a organisé une dizaine de championnats du monde et de championnats d’Europe dans différentes disciplines. Nous allons accueillir, en janvier 2020, les Jeux Olympiques de la Jeunesse, qui seront des jeux durables, à l’instar de ce que Dakar va faire, à l’instar de ce que Buenos Aires a fait tout récemment avec les Jeux de la Jeunesse d’été, jeux qui sont un véritable laboratoire pour les Jeux Olympiques. Nous allons accueillir également les championnats du monde de hockey sur glace et continuer à organiser régulièrement de grands événements sportifs parce qu’ils sont évidemment des vecteurs extrêmement importants de développement économique.

Nous mettons aussi un accent extrêmement fort sur le développement du sport populaire, c’est-à-dire sur la pratique sportive quotidienne. Nous investissons beaucoup de moyens pour que, dans les écoles, le sport soit pratiqué, pour que l’ensemble des salles de gymnastique des collèges lausannois soient ouvertes aux jeunes qui souhaitent pratiquer du sport le soir ou les week-ends, pour construire des terrains de football dans toute la ville… Nous en avons une densité exceptionnelle à Lausanne, ce qui nous vaut d’ailleurs d’être, chaque fois, classés parmi les cinq villes les plus sportives au monde, dans les « RanKings » internationaux. Nous développons des terrains multisports qui permettent l’activité de toute pratique physique, des fitness urbains sont également construits dans les différents quartiers de Lausanne. Bref, nous investissons beaucoup pour pratiquer le sport et nous développons aussi un programme qui s’appelle « ville en santé » de manière que l’on puisse soutenir l’activité physique comme facteur de réduction de la pollution par la pratique à la fois du vélo ou de la marche à pied en ville.

Donc, nous avons finalement une politique qui vise précisément à ne pas opposer le sport international au sport populaire, mais faire un continuum qui va de l’un à l’autre et qui, je crois, est aussi une clé importante pour pouvoir développer des politiques sportives dans tous les pays et dans toutes les villes.

L’enjeu est de taille, notamment pour soutenir et développer les sports pratiqués par les femmes et qu’ils bénéficient de moyens aussi importants que ceux pratiqués par des hommes. Il faut bien sûr encourager les femmes à pratiquer tous les sports, mais il faut aussi avoir des politiques de soutiens financiers qui soient égalitaires. Et, en matière d’égalité des droits, je pense aux minorités sexuelles auxquelles nous devons aussi être attentifs dans le domaine de la pratique sportive.

Grégoire JUNOD